Hier.
C’était le rendez-vous avec l’anesthésiste, à la clinique.
Lieu des ponctions, lieu de mon opération…
Je retrouve les lieux, les odeurs qui me marquent toujours…
Assise dans le grand hall d’accueil, j’attends.
Je me remémore ces deux autres fois où, assise à la même place, j’ai assisté à l’arrivée au compte goutte de dizaines de femmes enceintes, jolis ventres bien ronds, de 7,8 mois … qui, une fois toutes amassées pour constituer une densité de femmes enceintes au m² bien trop difficile à supporter pour moi, avaient disparu derrière les talons de la sage-femme qui donnait les cours d’accouchement.
Je me rappelle, toujours assise là une autre fois, avoir vu la navette d’un jeune papa en train de ramener paquets et valises à la voiture, puis revenir chercher femme et nourrisson.
J’assiste encore une fois à un ballet de doudous, bouquets, maxi cosy, ….
Je me souviens de cette jeune femme enceinte qui aidée de sa mère avait eu peine à traverser le hall jusqu’au couloir menant à la maternité tellement elle souffrait, tenant d’une main son énorme ventre…
Le monde s’agite. Je reste assise là,… spectatrice.
A l’étage de la maternité, je me rends au secrétariat PMA pour récupérer les documents à remplir en vue de la prochaine ponction.
Je croise des couples qui attendant pour la ponction, des hommes seuls qui attendent leurs femmes déjà au bloc, … Je croise leurs regards et j’y lis leur inquiétude, leur hâte, leurs peurs, …
Je sais…
Notre tour devrait être prochain.
Je croise aussi des visiteurs et leurs chargements de présents.
Aujourd’hui.
C’était le rendez-vous de contrôle.
Depuis dimanche, j’avais ressenti quelques douleurs aigues mais fugaces dans un ovaire.
La stimulation est annulée …
Un follicule a décidé d’atteindre sa taille « d’adulte » après seulement 5 jours. Les autres suivent, petits, penauds… Le gros, trop gros déjà prendrait le chemin du kyste s'il était encore stimulé (s'il n'est pas déjà sur le bon chemin).
Goût salé des larmes qui roulent sur les jours et meurent sur les lèvres. Baisers salés. Mains serrés. Etreintes pour échapper au monde, au temps, à la réalité,…
Yeux rougis, gorges serrées, cœurs meurtris, poitrines douloureuses, … nous avons vaqué à nos boulots…
Lasses et impuissants.
Amoureux.