Hormis ma miasm-attitude… qui pourrait, si fatigue perdurante il y a, m’emmener à décaler la prochaine FIV qui nous pend au nez (si toutefois un miracle nommé bébé couette n’est pas en train de s’installer ou presque à l’heure où j’écris)… la question récurrente présente en toile de fond est : suis-je prête ?? Prête physiquement ? Mentalement ?
Comment mener l’enquête, se questionner ?!
Quels outils, méthodes, … utilisés pour répondre à cette question ? Comment mesurer son niveau de « prête ou non », ses capacités à partir au front, ses ressources, …?
ELLE, BIBA, … n’ont pas encore sortis de tests pour PMettes « Etes-vous prête à vous faire piquouser partout juste pour le fun (ou sans garantie que votre FIV marche ?) », « Tester votre potentiel PMesque en 15 questions », « Etes vous vraiment prête à tout pour avoir un enfant ? », …
Avec une majorité de u : « Vous êtes la Xena de la PMA. Rien ne vous arrête, ne vous fait peur. Les ponctions sous AG vous font autant d’effet qu’une épilation des demi-jambes … ».
CLEARBL*E n’a pas encore sorti son test avec affichage digital pour savoir si c’est la bonne période pour féconder en boite de pétri.
Alors ? Me voilà bien paumée !
Mon petit corps semble se sentir bien. Reposé. Sans douleur suspecte. Je mange le plus équilibré possible. J’essaye de dormir le plus possible (valable les WE). Je ne vais tout de même pas aller jusqu’à entreprendre la préparation physique d’un alpiniste en vue de l’ascension de l’Everest pour être sûre que je suis fin prête !?
Au cœur de cette question, on retrouve les sentiments inséparables ; peur et envie.
La peur
Il a bien fallu avec le temps, et le fait que je n’avais guère le choix, que je dompte ma phobie des aiguilles, des odeurs d’hosto et des hostos tout court. Mais malgré tout, des réminiscences d’angoisse vont et viennent.
J’en viens durant de courts instants à redouter les futurs soins et notamment la ponction.
J’ai une image en tête. C’était à la dernière FIV. Sur mon brancard avec ma belle tenue bleu en synthétique, telle la schtroumpfette, mon cathéter dans le bras, mes membres qui ne parvenaient à se réchauffer. J’attendais qu’on vienne me chercher. Je ne voyais rien car l’anesthésiste n’avait pas voulu cette fois-ci que je garde mes lentilles (chance que j’ai eu à la FIV 1). Et je me disais « tout ça pour avoir ce que d’autres obtiennent à l’issue d’un moment agréable et chaleureux !! ».
Cette peur, je l’ai, vous l’avez. Je l’ai aujourd’hui. Je l’aurais dans 3 mois, 6 mois, … Enfin, j’imagine.
Peur du résultat, des résultats, … de l’écho de contrôle (qu’un kyste endo re pointe son nez), de la stimulation, de la ponction, de la fécondation. Oui j’ai peur de tout !! Surtout quand j’y pense à l’avance ! Et bien entendu du résultat final ! Pour cette FIV, nous partons sur des blastocystes ; peur de ne pas avoir d’embryon le jour du transfert.
Peur de souffrir à nouveau, d’avoir à panser les blessures, à chaque fois plus profondes. Peur un jour de plus réussir à me relever et reprendre le cours de ma vie (enfin plutôt de ma vie en mutation).
A moins que tout enjeu lié au résultat final n’ait disparu (auquel cas, je ne ferai plus de FIV) ; je ne vois pas comment cette pression peut s’atténuer.
Je vais dors et déjà reprendre les séances d’auto-hypnose du CD que certaines connaissent.
Peur que ce soit dans ma tête que des choses se jouent, des blocages se font… qui font que chaque tentative est un échec en sursis. Cette pensée vient régulièrement me polluer.
Je viens de l’envoyer elle et son lot de déclinaison et d’intensité sous forme d’une grosse boule de neige jetée sur un lac gelé au fin fond d’une forêt en lisière du pôle nord. En espérant qu’elle y reste (si vous avez des tuyaux, je suis preneuse) !
L’envie
L’envie de voir les larmes de joie dans les yeux de celui que j’aime.
L’envie d’abriter en moi une petite vie qui se développe, qui grandit. Une petite vie qui serait le fruit de tout l’amour que nous avons mon Tané et moi l’un envers l’autre, et pour elle. Envie de le porter 9 mois, ou le nombre de mois qu’il faudra pour sa bonne santé.
Envie d’accueillir notre enfant dans notre nid, notre home sweet homme, pour le dorloter, le câliner, l’aimer.
Envie de lui léguer nos valeurs, lui apprendre ce qu’on sait, apprendre avec lui, découvrir avec lui d’autres chemins, devenir maman,…. Lui donner tout notre amour et notre attention pour qu’il grandisse bien.
Envie de tourner la page d’une période longue et douloureuse. Envie d’un grand bonheur. D’instants fugaces d’une intense sérénité.
A cette lecture, je me rends bien compte que l’envie de notre enfant surpasse la peur.
Mais je ne sais toujours pas si je suis prête. Peut-être qu’on ne le sait jamais vraiment. Peut-être qu’on ne l’est jamais complètement ? J’ai l’impression que certaines d’entre vous le sont avant l’échéance.
Peut-être que c’est seulement moi qui a à chaque veille de réattaquer une bataille hésite entre le champ de bataille et la désertion. Par manque de courage ? Peut-être ?! En même temps, quand on décide pour moi que le choix est fait, qu’il s’agira de la désertion… je ne ressens alors aucun soulagement mais plutôt de la panique à l’idée de devoir renoncer à un nouvel espoir … que celui de la prochaine FIV. Alors !!!?
Il semble que mon cerveau ait toujours besoin de s'imaginer une porte de sortie, un trou de souris par lequel se sauver au cas où, qu'il y a un autre choix possible et une autre voie possible.
Je suis peut-être juste comme je suis ? Certainement prête !?
Gaëlle Boissonnard. Maman et enfant.
Edit du matin :
Hier soir, j’écris ce billet. Le téléphone sonne. « Bonne année. Je suis enceinte ». Voilà. Rien de plus à ajouter. Si « ahh facilité et légèreté » quand tu nous tiens, enfin plutôt quand tu tiens les autres. La boule au ventre. Ce matin, des vertiges et la nausée en me levant. On dirait une gueule de bois sans alcool.