Ce gars, cette fille ; un couple de copains.
Ce gars, plus qu’un copain, certainement un ami pour mon Tané (mon homme en Tahitien…). Le lien ; un noyau de très bons copains, auquel se sont greffées des filles, puis des enfants…
Ce gars, détestablement campé sur l’apparence ; la belle bagnole, la montre de la marque qui signe la réussite, obnubilé par sa carrière professionnelle, … mais aussi un gars sensible, aimant rire, attachant, avec qui j’avais pu partager quelques moments de confidences. Du moins, voilà ce qu’il reste de mon ancien ressenti positif.
Cette fille. Forcément campée sur son image. Ob-nu-bi-lée par la diététique, l’anti-gluten, l’anti-gras, le sport, la balance…. Elle a frôlé le problème pathologique avec la nourriture. Sinon un mystère. De ces gens dont les paroles sont toujours imprécises, incomplètes, bizarres même. Finalement on ne sait pas s’il vous raconte des mensonges ou si c’est vous qui n’avait pas le bon traducteur. Je me souviens d’une conversation loufoque. Elle travaillait à NY lors des attentats. Ca fait super chic à raconter ! Elle était rentrée en France juste après car très choquée. En revenant de notre voyage à NY, j’avais eu envie de partager cette expérience avec elle, lui demander quels avaient été ces coins fétiches, ces habitudes là-bas, ces bons plans, allait-elle courir à Central Park,…. Elle m’avait répondu ; « je ne m’en souviens plus… ». Inutile de rentrer dans une polémique ; alzheimer, pas plus de travail à New York que de beurre en branche, … ?.
Ce qui est bien en posant les mots, c’est que la réalité de la situation apparait plus clairement…
Quels points communs entre nous ?
Il y a eu leur mariage. Après le mariage, les mois ont passé.
Lors d’une soirée, l’été 2010( !), elle est venue me parler, en douce. En tant que vétérante de l’infertilité, j’étais la parfaite petite oreille attentive pour qu’elle s’épanche sur ces mois d’attente où rien ne se passait. Pas de graine faisant son nid. J’avais tenu mon rôle consciencieusement, j’avais donné des conseils, … Mon cas n’intéressait pas, mes conseils oui.
Cette situation les perturbait. Mais les apparences étaient toujours sauvées vis-à-vis des autres ; la dernière montre, une carrière qui grimpe, …
Quelques mois plus tard, il y a un an, on apprend, à distance, qu’elle a eu un tout début d’accroche, de grossesse.
S’en suivent dosages hormonaux, examens, …, et on comprend (toujours dans l’imprécision la plus totale) que la conception allait sembler difficile pour eux.
Au delà de l’écoute qui nous revenait (en tant qu’anciens combattants !), mon Tané s’était aussi confié à son ami, certainement plus qu’à l’ordinaire, sur la difficulté de notre parcours (précis celui-là). Parcours communs (?). Il pensait, certainement et logiquement, être compris.
Très étrangement, leur situation paraissait plus grave ou désespérée que la notre, leurs parcours difficile, ... alors qu’ils n’avaient jamais fait le moindre commencement de début de traitement de PMA !
Plusieurs fois, mon Tané crut qu’ils faisaient une FIV. Son ami n’avait de cesse de lui dire qu’ils galéraient « comme nous » (nos FIV étaient parfois en cours), que c’était très dur !... ?!
Nous les revoyons cet été.
En présence de membres de leur famille, « le sujet désespéré » ne doit pas être évoqué, ou alors il faut faire très très attention…
Au cours d’une soirée entre copains (la seule de cet été), son regard à elle me cherche et n’a de cesse de vouloir m’accrocher. Je sais pourquoi. Je ne souhaite pas mordre à l’hameçon, je ne serai pas l’oreille attentive ce soir. J’ai ma dose moi aussi ! Au sens figuré mais au sens propre aussi (des restes de FSH qui circulent encore dans mon sang et ne me rendent pas très empathiques).
Elle réussit quand même à me prendre à parti à un moment où nous sommes seules. J’ai droit à un bref pathos sur la souffrance qu’on comprend si bien toutes les deux, celle ne pas arriver à avoir d’enfant, ... Elle serait prête à lâcher une larme. Je ne cille pas. Je ne supporte pas de donner de l’énergie sous forme d’empathie à des gens qui me semblent de plus en plus jouer un numéro.
Et arriva ce qui devait arriver.
Un mail de lui. Un mail général, adressé à toute la bande de copains. Je ne l’ai pas vu, je ne veux pas le voir.
Un mail de fanfaron avec une pièce attachée ; un scan d’échographie. Une vague allusion au fait que le rosé de cet été n’y est pas pour rien. Alcoolisée peut-être, mais une merveilleuse oeuvre de Dame Nature dans sa robe la plus pure... Comme Carla !! Emotions, quand tu nous tiens !! Arfff !
J’ai horreur des gens indélicats ! J’ai horreur des égoïstes !!
L’idée que mon Tané, l’homme que j’aime, ait pu se confier à un être qui n’a rien compris, mais alors rien de rien, m’insupporte !! Même pas un petit mot dans un mail à part. Même pas un millième de gramme d’empathie d'un ami, de gens qui ne se connaissaient même pas quand nous avions déjà envie d’un bébé ensemble. Que je me fasse duper, moi, qui parfois aurait pu me confier à n'"importe qui", même à une huître, histoire de lâcher toute cette souffrance. Mais pas lui !
Je n’ai jamais été rancunière. Arrivée à ce stade. L’impression d'être dupés. Choquée par un comportement. Je suis quasi certaine que je n’aurai plus une once, un nano ou même un pico gramme de fibre généreuse voire humaine avec ces gens.
Pour moi, ça sera bon vent ! Un gars, une fille, …
Voilà c’est dit.
NB relatif à mon Tané : afin de couper court à vos imaginations débordantes ; il est beau, très beau, mais ce n’est pas du tout le type Maori avec peau mate, tatouages, pagne en herbe, … rien de tout ça. Mais un Tané formidable, magnifique à mes yeux et mon coeur.