Lulu, PMGirl, Cami, … je suis émue pour vous !!
Je vous souhaite le meilleur ; un lot de 3 ‘tits bouts qui pointent leurs nez dans 9
mois, et suis de tout cœur avec vous pour la suite !
Vous vous rappelez ou vous connaissez les dragées surprises de Bertie Crochue ? Ce sont des bonbons du monde des sorciers qu’on
trouve dans la littérature HarryPotteresque…
La seule surprise que réservent ces dragées est leur goût, qu'on ne peut connaître à l'avance. Avec de la chance, vous tomberez sur
chocolat, fraise, … sinon ; crotte de nez, sardine, poubelle, …
Bon ben voila. Aujourd’hui, j’ai tiré la mauvaise dragée en version journée… Goût « olive avant d’être passée dans la saumure,
amère à tordre le nez, avec néanmoins une bonne grosse dose de sel ».
HP me pend au nez… (HP étant « hôpital psychiatrique » (et non Harry Potter, tiens c’est marrant), auquel faisait référence
Linette en nous faisant part de son amour pour ses follicules.)
S. est arrivée en stage, là où je bosse depuis 10 ans maintenant, il y a presque 4 ans. Petit bout de nana, pétillante, positive,
attachante,… Toute fraîche moulue de l’école d’ingénieur, du lait qui perle encore au bout du nez, pas de petit copain et encore adepte des sorties étudiantes.
S., je l’ai mise sous mon aile comme une petite sœur. Elle a fait des missions avec moi, …. Puis elle a été embauchée. On a fait de
supers œuvres pour le service : instituer le Noël des lutins au bureau, le RTT (ramène-ta-tarte (ou ton gâteau, faits maison) si la veille tu étais en RTT), la re décoration du bureau des
collègues après leur départ le soir… Des bêtises vouées à détendre l’ambiance.
Bien sûr elle sait pour moi, pour nous, … Quand on est en arrêt maladie pour FIV, qu’on pique une, deux, … crises de larmes au bureau à
force de voir sa collègue assise à 1,6 m de soi,enceinte de deux mois, se masser le ventre toute la sainte journée sous votre nez et vous dire qu’elle est fa-ti-guée, qu’elle n’en-peut-plus, …
forcément les gens finissent par savoir.
Puis S. a trouvé un chéri il y a pile 2 ans. Et à l’automne dernier, ils achètent et retapent un chez eux, un nid d’amoureux. Elle
change d’agence géographique, mais on reste dans le même service.
Dernièrement, j’ai pris conscience que S. était une personne très pudique vis-à-vis des sentiments, des émotions, très mal à l’aise à
parler des « problèmes » du quotidien, de la vie, ...
Son truc à S. ; elle va toujours « très très bien », tout est toujours « hyper génial ». L’irritant,
l’énervant, pour elle est rigolo. Le banal est fabuleux. Ce qui présente certains côtés positifs, mais tend parfois un peu trop vers la méthode Couet.
Forcément, vous culpabilisez toujours de répondre un simple « ça va » à la question traditionnelle du matin.
Pour notre dernière FIV, elle m’a dit « je sais que c’est stupide de dire ça, mais je croise les doigts pour vous »… Merci de
cette stupidité donc ! Pudeur, quand tu es mal placée…..
Ce matin, grande réunion. S. est là. Tout le monde est là.
Elle me saute dessus, me presse d’aller prendre un café avec elle. Elle en vient même à me mettre le jeton dans la main pour
m’entraîner avec elle au plus vite.
Sur le chemin vers la machine elle prend la parole « Faut que je te dise un truc » […] [ces crochets, je vous laisse
imaginer, c’est les pensées qui fusent dans mon cerveau] [n’en dis pas plus, j’ai deviné, t’es enceinte] « j’en suis malade depuis des jours d’avoir à te dire ça » […] [p… va pas me
faire le coup de me mettre plus mal à l’aise que je le suis déjà …] [j’en peux plus de supporter le malaise des gens dans ces moments là]. Je lui réponds douloureusement un truc du genre
« ohhh ben non, alors, faut pas se rendre malade quand même… tu es enceinte ? ». Elle insiste « Oui, j’attends un petit mais je suis si mal à l’aise quand même, on m’a dit
qu’il ne fallait pas mais ça m’embête tellement… ».
Je vous passe la suite. Elle se confond en « excuses ». Je la rassure « mais non, mais non… ». Je lui fais un gros
bisou sur la joue et lui dit que je suis contente pour elle. Bien sûr c’est très bien pour eux.
C’est tout le reste qui ………. me fait pleurer.
Nos pieds sur le quai, toujours… les années passant.
La gêne qu’on me renvoie.
Devoir rassurer les gens alors que c’est vous qui êtes mal !! C’est insupportable !
Ceux qui ne savent pas et qui vous disent « oh mais souris un peu ce matin !!! t’en fais une tronche »… Ta G***
c*nnard.
Je serre les dents en réunion toute la matinée, … et lutte contre les larmes qui montent.
Je n’adhère à rien de tout ce qui est dit.
Voire même, je me sens sur le carreau.
Ma collègue de retour de congés maternité récupère tous ses petits clients importants après quelques jérémiades tandis que moi,
pourtant nullipare et sans contrainte horaire le soir, je ne touche plus une mission importante… Ben oui, je suis la fragile, celle qui peut être arrêtée à tout moment… Si au moins mes mois
d’arrêt avaient été pour pondre un vrai enfant !
J’envoie des textos de SOS à mon amie des Antilles, qui me répond dès qu’elle a un pied levé à 5 h du mat’ ! Merci ma G.
Quand S. fait son annonce officielle à toute m’assemblée en fin de réunion, j’ai juste le temps d’attraper la poignée de la porte et
prendre la poudre de cheminette vite vite (réf. à HP ; Harry Potter cette fois-ci). Dans les couloirs, je ne croise personne, je me parle à moi-même « ne pleures pas, ne pleures pas,
p*tain non, respires,… ». Je regarde le plafond pour dire que ça prévient l’afflux de larmes. Dans le bureau, les vannes s’ouvrent, mais je contiens encore le débit. Mes poursuivants
finissent par arriver. Quand ils me parlent, je leur réponds sans les regarder en fourrant la tête dans l’écran de mon ordi et mon visage dans mon mouchoir… (très naturel !). Ca finit par un
retranchement aux toilettes ; au moins là pas de risque.
Je les laisse partir déjeuner tous ensemble. Cet après-midi, j’ai un rendez-vous extérieur. Heureusement. Mon client ne devrait pas
être enceinte. C’est un homme et vu son âge, au pire, il devrait être ménopausé depuis longtemps.
Je vais craquer !
PS : le correcteur de word souligne en rouge « ménopausé »… Quand on rajoute le « e » final pour l’accordé au
genre féminin soit « ménopausée » ; le soulignage s’enlève ! Trop fort ce word !
PS2 : merci à Loulou de m'avoir accompagné sur les trajets en voiture !
Jardins de Majorelle Marrakech